L’année des méduses

août 22, 2014 at 8:51
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L'année des médusesA Saint-Tropez, cet été là, la faune habituelle est, bien sûr, de la partie. Plus Chris, une superbe adolescente de 18 ans et toutes ses dents aiguisées qui mordent tout (et tous) ce qui tombe à sa portée, un peu, beaucoup, passionnément. Un peu sa mère, Claude, qu’elle épie du coin de l’œil, mine de rien. Beaucoup Vic, un ami de la famille portant beau la quarantaine, marié et ancien amant de Chris. Passionnément Romain, officiellement maître de plage de luxe, officieusement pourvoyeur de jeunes filles pour le jet-society locale. Et le seul qui repousse les avances de la donzelle. Ne s’avouant pas vaincue pour autant, Chris-la-vipère s’acharne à mener son combat à bien. Chris, c’est évidemment Valérie Kaprisky. Elle est stupéfiante d’insolence perverse teintée d’un soupçon de désenchantement fugace. Ce personnage d’écorchée vive grandie trop vite lui colle parfaitement à la peau et elle s’en tire avec tous les honneurs.

Un amour de swann

Une adaptation au cinéma de Proust, œuvre subjective s’il en est, ne fera jamais l’unanimité… Marcel Proust et sa «Recherche du temps perdu» a fait frémir d’envie plus d’un cinéaste. Luchino Visconti en a rêvé, Joseph Losey en a souvent parlé, mais c’est Volker Schlôndorff qui l’a réalisé. Son film, bien sûr, n’a rien à voir avec ce que les autres en auraient fait…Un amour de swann Mais, paradoxalement, il n’est pas trop infidèle à Proust. Bien que dans le genre pulpeuse demi-mondaine, Ornella Muti n’est peut-être pas l’Odette de Crécy rêvée… Reste que Schlôndorff a pris le seul parti raisonnable. Il adapte «Un amour de Swann», ce petit «roman» à la troisième personne du singulier inclus dans le premier tome d’une œuvre à la première personne… à savoir «Du côté de chez Swann». («Un amour de Swann» raconte une histoire d’amour, de jalousie, de désirs, de société… Volker Schlôndorff a choisi de tourner en extérieurs, dans Paris, ce qu’il appelle «Une journée et une nuit qui résument toute un vie». Côté reconstitution, c’est parfait : costumes et mobiliers. Mais on le sent étriqué pour filmer la réalité de ce Paris de la fin XIXème  et du début du XXème siècle. Il faut dire que la «modernisation» (avec tous ces néons et autre placards publicitaires) a fait de sacrés ravages. Volker Schlôndorff recrée avec autant de soin qu’il le peut ce monde des hôtels particuliers et des salons. C’est du beau travail… Mais l’intensité dramatique en souffre. Le film garde trop la passivité d’une visite dans un autre temps. Il faut que Swann devienne fou de jalousie pour que le film s’énerve. Et, alors, «Un amour de Swann» trouve sa vraie dimension. Jeremy Irons donne à Swann le charme de sa «Maîtresse du lieutenant français» et Delon surprend dans un rôle inhabituel.

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